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Conférence "Martin Bucer et la Réforme à Strasbourg"
Nos amis Jean Arbogast et Christian Kempf nous ont offert ce mercrdi 13 novembre une troisième conférence illustrée suivie par une quarantaine de membres du club prêtant une oreille attentive à l'exposé de Jean tout en ayant l'œil aux aguets sur les illustrations de Christian. Cette conférence avait pour thème une figure d’envergure européenne mais curieusement assez mal connue dans notre région, malgré son importance historique pour Strasbourg : Martin Bucer (gravure de René Boyvin, à droite) fait partie en effet du premier cercle de ceux qui ont introduit la Réforme à Strasbourg au début du XVIème siècle.
Les conférenciers ont tracé les étapes d’une extraordinaire vie de voyageur dans toute l’Europe, au service de sa foi et, dans le cadre des discusions passionnées entre théologiens de la Réforme, au service d’un dialogue respectueux et qui unit. Par exemple sur la signification de la Cène – souvenir, rappel du dernier repas ou présence réelle du Christ ? – Bucer tente des approches conciliatrices entre les idées de Zwingli en Suisse (illustration à gauche) et celles de Luther. Mais si Martin Bucer est avant tout un homme de dialogue, même avec l’Église traditionnelle (catholique) – le Concile de Trente met fin à tous ses espoirs – c’est aussi un homme intraitable dans ses convictons : la Curie romaine n’échappe pas à son implacable critique…
Né à Sélestat en 1491, admis dans l’Ordre des Dominicains en 1507, il est ordonné « acolyte » à Saint-Guillaume ce qui lui ouvre un accès aux études théologiques. Il est envoyé à Heidelberg et il rencontre Luther en 1518. Ebernburg (Palatinat) où il trouve protection, Wissembourg où il se heurte aux Bénédictins et autres confréries (il sera excommunié), Strasbourg où il obtient un droit de séjour (pasteur à Sainte-Aurélie puis à Saint-Thomas) sont quelques-une des étapes de son périple. Avec Jean et Jacques Sturm il est l'un des promoteurs de l’ouverture du Gymnase. Il publie des sermons, des catéchismes, il instaure la Confirmation, crée un réseau d’écoles paroissiales et promeut la simplicité et la sobriété pour le culte. Charles Quint ayant défait les protestants à Mühlberg en 1547, Bucer finit par renoncer à une entente avec lui sur la base d’un décret impérial (l’Interim qu’il rejette). Il est alors contraint de s’exiler en Angleterre où il contribue à faire triompher la Réforme anglaise voulue par Henri VIII. C’est dans ce pays qu’il publie son ouvrage le plus important « De regno Christi ». Il meurt à Cambridge en 1551. La très catholique et très sanglante Marie Tudor fera brûler publiquement sa dépouille et ses œuvres en 1556 mais il sera solennellement réhabilité par Élisabeth Ière en 1560, avec le retour de la monarchie dans la sphère du protestantisme. Deux preuves s’il en fallait de l’importance qui était alors accordée, après sa mort, à ce théologien de la Réforme et à son œuvre immense.
François GENEVAUX
Prochaine conférence-vidéo le 8 janvier 2020 : Escapade en Amérique Centrale, par Jean-Pierre Dupuis. Détails et inscription en cliquant ici.
Heidelberg - Couvent des Dominicains | Strasbourg et l'Allemagne au milieu du XVIè siècle |
De Regno Christi : œuvre esssentielle dédiée à Édouard VI d'Angleterre | |
Livres et corps de Martin Bucer livrés aux flammes par Marie Tudor. | |
Christian Kempf et Jean Arbogast | Amphi Leonardo - IUT Robert Schuman - Illkirch |